03/02/2010

Faire les valises et regarder en arrière

Et en arrière je retrouve ce texte, proposition pour une résidence à la Schloss Solitude.




Je place l’expérience et la recherche au centre de mon activité artistique. Je conçoit ce projet dans une dynamique de recherche où il s’agit de voir comment les pratiques pensent. Le doute et l’erreur sont nécessaire à la recherche car celle-ci ne doit pas être jugé en terme d’échec ou de réussite , son résultat est essentiellement quelque chose d’inconnu. Cette démarche fait écho aux recherches scientifiques sur les phénomènes paranormaux et leurs mythologies (NASA...) mais je m’affranchis d’une quête de la vérité.
Je veux contaminer mon travail par les effets pervers de l’irrationnel, du mystique et de occulte. Il s’agit avant tout, de refuser la prise de distance du scientifique par rapport à son sujet de recherche. Je dois faire parti du jeu et éprouver mes propres limites.

Le paranormal est un langage qui joue avec le visible et le régime de la vérité. Je veux le jouer dans le contexte même de la résidence. La communauté des résidents et le dynamisme qu’elle offre sont une occasion d’engager un public, de se confronter à lui. Je veux utiliser la résidence comme champ d’expérimentation, de support ou bien de rejet à un événement, à un jeu, à un objet mystérieux.

La forme finale n’est pas connu et ne le sera peut-être jamais. Je pense donc à une forme première, un point de départ, une vague idée de courtes animations représentant des phénomènes paranormaux comme la téléportation, la télékinésie, la lévitation, ou encore la transcommunication instrumentale. Le surnaturel s’inscrit dans le dessin animé comme un témoignage qui ne se souci pas de soutenir une notion de vérité, de réel.

Je veux dépasser la dialectique du vrai et du faux. Ces témoignages dans leurs limites peuvent fonder un rapport au réel à partir de ce qui nous affecte, comme si l’irruption du paranormal, dans nos quotidiens dénués de mystère, venait nous révéler sans tromper notre vigilance une trace sensible, une présence.

“Au sein de la quotidienneté colonisée par la consommation de masse , la vie offre une résistance à l’épuration fonctionnaliste, en laissant transparaître des comportements qui témoignent d’une religiosité bâtarde, sauvage, non-officielle, comme si, à l’époque moderne du désenchantement du monde, les rites fondamentaux de la religion (baptême, funérailles, justice finale, alliance, communication avec l’au-delà, etc.) avaient discrètement migré, sous une forme composite, vers la vie quotidienne et continuaient d’exister là, méconnaissable et clandestins, dans un environnement dépourvu de toute mysticité.”1


(Asperger trois fois d’eau (bénite) l’endroit où vous vous trouvez.)